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L'amphisbène est, dans la mythologie romaine, un serpent légendaire possédant une tête à chaque extrémité du corps. Selon le poète latin Lucain (Ier siècle ap. J.-C.), l'amphisbène fut engendré, ainsi que d'autres serpents, par le sang qui coulait de la tête tranchée de la Gorgone Méduse, alors que Persée survolait le désert de Libye en la tenant à la main. L'amphisbène se nourrit des cadavres laissés à l'abandon.
La toute première mention de l'amphisbène figure dans la Pharsale de Lucain, lorsque les soldats de Caton traversent les déserts d'Afrique et croisent plusieurs serpents. Pline l'Ancien reprend la description de Lucain en ajoutant une petite précision : l'amphisbène a deux têtes, comme si une seule ne lui suffisait pas pour décharger son venin. Il précise aussi plus loin que cet animal a des vertus médicinales. Au Moyen-Âge, l'encyclopédie de Brunetto Latini, Le
Trésor, mentionne également cette créature : l'amphisbène est un serpent à deux têtes, l'une en son lieu et l'autre en la queue; et avec les deux il peut mordre, et il court avec légèreté, et ses yeux sont luisants comme des chandelles. Au XVIIe siècle, l'existence de l'amphisbène est fermement démentie par Thomas Browne, qui observa qu'il n'y a pas d'animal sans dessous, dessus, avant, arrière, gauche et droite, et qu'un animal à deux extrémités antérieures ne peut donc pas exister.
Les premières descriptions de l'amphisbène durant l'antiquité grecque le dépeignent simplement comme un serpent venimeux à deux têtes. Cependant, l'époque médiévale et ses miniatures lui attribuent souvent deux pattes, voire plus, en particulier des pattes de poulet ainsi que des ailes à plumes. Certains le décrivent même comme une créature draconique à cornes, avec une tête sur sa queue de serpent et de petites oreilles rondes, tandis que d'autres lui ont représenté deux cous de taille égale, de sorte qu'il est impossible de déterminer quelle tête est à l'arrière. De nombreuses descriptions de l'amphisbène disent que ses yeux brillent comme des bougies ou des éclairs.
Diverses qualités lui sont attribuées, entre autres celle de nager, d'hypnotiser, d'être très rapide, d'avoir des crocs venimeux, et de tuer par un simple regard durant les nuits de pleine lune. L'amphisbène était également réputé pouvoir se reconstituer lorsqu'il était coupé en deux, et même être mis en pièces sans en mourir. L'amphisbène était réputé pouvoir avancer aussi bien en avant qu'en arrière. Quand une tête dort, l'autre reste éveillée pour faire le guet.
Dès l'Antiquité, l'amphisbène avait de nombreux usages dans l'art de la médecine traditionnelle. Il est dit que les femmes qui portaient un amphisbène vivant autour de leur cou seraient protégées des maladies ; cependant, si le but était de guérir des maux tels que l'arthrite ou le rhume, il ne fallait porter que la peau de l'animal. En mangeant la viande d'un amphisbène, on pouvait attirer de nombreux prétendants du sexe opposé. Tuer un amphisbène durant la pleine lune pouvait donner le pouvoir à celui qui est pur de cœur et d'esprit. Les personnes souffrant du froid pendant leur travail pouvaient clouer sa carcasse ou sa peau à un arbre pour se tenir chaud, le processus permettant aussi à l'arbre d'être abattu plus facilement.