Les carnets de PiPhie

 

Saumon du savoir


(Source : http://finbarroconnor.com/illustration)



Dans la mythologie celtique irlandaise, le Saumon du savoir, ou Saumon de la sagesse, parfois appelé aussi Saumon de Llyn Llyn, est à l'origine un saumon ordinaire, qui mange les neuf glands tombés de l'arbre du savoir dans le fleuve Boyne, ou parfois la rivière Shannon. Ce faisant, le saumon devient énorme et acquiert tout le savoir du monde, devenant plus sage que les Hommes. De plus, la première personne qui mangerait sa chair entrerait en possession de ce savoir.
Dans les temps anciens en Irlande, et au-delà de la légende, le saumon était symbole de sagesse. Cela était sans doute en partie lié à sa nature : celle de remonter à la source.
Le Saumon du savoir apparaît dans un conte classique irlandais bien connu dont le personnage principal, Fionn McCumhaill, est le héros légendaire du Fenian Cycle, un ensemble d'histoires de la mythologie celtique qui mettent dieux, demi-dieux et guerriers héroïques en avant.
La légende raconte qu'il y a de cela très très longtemps, en Irlande, le roi était protégé par une armée de valeureux guerriers, les Fianna. Leur chef, Cumhaill, était très respecté de ses hommes mais tout autant jalousé par ses ennemis. Il fut tué par l'un d'entre eux qui prit la tête des Fianna. L'épouse de Cumhaill, Muirne, craignit alors pour la vie de leur fils, Deimne, surnommé Fionn, ce qui signifiait "celui qui a les cheveux blonds". Elle décida donc de l’emmener avec elle dans un voyage périlleux vers une petite cave, située au cœur des montagnes de Sliabh Bloom. Là vivaient deux femmes, l’une était une guerrière, l’autre, une druidesse. Elle implora les femmes de prendre soin de son garçon, de le garder en sécurité et de lui enseigner tout ce qu’elles savaient dans le but qu’il puisse un jour passer les éprouvantes épreuves du test d’admission des Fianna. 
Au fil des années passées dans les montagnes de Sliabh Bloom, Fionn apprit à se battre aussi bien à mains nues qu’avec une lance, à se défendre avec un simple bouclier, et à courir pieds nus dans les bois plus vite qu’un lièvre. Il était devenu si fort et agile qu’il pouvait sauter par-dessus des branches plus hautes que sa tête, et abattre un oiseau en vol avec un simple lance-pierre !
Mais pour faire partie des Fianna, il lui devait aussi connaître le contenu de douze livres de poésie qui se transmettait de génération en génération. Il dut donc quitter les deux femmes afin de finir son apprentissage avec Finnegas, un druide érudit qui vivait près de la rivière Boyne.
Finnegas accepta de lui enseigner mais, dans le même temps, continua une quête qu'il menait déjà depuis 7 ans : il voulait attraper le Saumon du savoir afin d'hériter de son immense savoir en goûtant sa chair. Le druide avait déjà réussi à l'avoir dans les mains quelques fois, mais le poisson avait toujours réussi à s'échapper.
Un jour qu’il était tranquillement posé sur un rocher à étudier la poésie, Fionn entendit le vieux Finnegas l’appeler depuis la rivière en contrebas. Le jeune homme se précipita sur les berges de la Boyne où il vit son maître à genoux, épuisé, tenant fermement dans ses mains un énorme saumon. Le druide avait enfin réussi à attraper le Saumon du savoir et il chargea son élève de le cuire pour lui, avec interdiction d'y goûter. Fionn obéit et commença à préparer précautionneusement le poisson. Pendant la cuisson, il vit une cloque se développer sur le flanc du poisson. Voulant bien faire, il appuya dessus avec son doigt. Mais il se brûla ainsi le pouce et eut le réflexe de porter son pouce à sa bouche pour soulager la douleur.
Quand le repas fut prêt, Fionn appela Finnegas, mais ce dernier perçut tout de suite que quelque chose avait changé chez son élève. Après l'avoir interrogé, il comprit que le fait d'avoir sucé son pouce après un contact avec la chair du poisson impliquait que Fionn était la première personne à avoir porté la chair du Saumon du savoir à ses lèvres. Le druide admit que c'était la destinée et invita Fionn à manger seul le reste du saumon. Il renvoya ensuite Fionn vers les siens puisqu'il ne pouvait plus rien lui enseigner.
A partir de ce jour-là, il suffisait à Fionn de porter son pouce à ses lèvres pour répondre à toutes les questions qu’on pouvait lui poser. Et c’est ce grand savoir, cette intelligence et cette sagesse exceptionnelles qu'il a acquises, qui permirent à Fionn de devenir le nouveau chef des Fianna. Il sera également, toujours d’après la légende, à l’origine de la création de la Chaussée des Géants, un site hautement touristique du côté de Bushmills en Irlande du Nord. Des exploits dont il aurait sûrement été incapable s’il n’avait pas goûté au Saumon du savoir !

Likho


(Source : https://www.deviantart.com/mli13/art)



Likho est une personnification du mauvais sort et de la malchance dans la mythologie et les contes slaves. C'est une créature effrayante n'ayant qu'un seul oeil, souvent décrite comme une vieille femme décharnée vêtue de noir, ou encore comme un gobelin des forêts. Par son unique oeil, elle se rapproche des cyclopes de la mythologie grecque.
Dans les temps anciens, le likho était considéré comme un serviteur de la Mort. A l'époque préchrétienne, les villages pratiquaient un certain rituel en période d'épidémie. Une idole féminine avec un seul oeil était construite puis utilisée pour allumer un feu sacrificiel. On espérait qu'en brûlant une effigie de ce serviteur de la Mort dans le feu, l'épidémie serait ainsi dissipée. Ce n'est que plus tard que le likho a été considéré comme l'incarnation de la malchance et du mal.
ll existe diverses histoires racontant la rencontre d'une personne avec un likho, souvent quelque chose de fâcheux arrive à la personne et l'histoire délivre des leçons précieuses. Par exemple, une personne trompe le likho, s'enfuit poursuivie par ce dernier, aperçoit un objet de valeur et l'attrape par cupidité. Sa main y reste alors collée et il est nécessaire de lui couper. Ou alors le likho trompe une personne et monte sur son cou. Pour s'en débarrasser, la personne se jette dans une rivière pour tenter de noyer le likho. Mais l'inverse se produit et la personne se noie tandis que le likho flotte puis part chasser d'autres victimes. Dans certaines superstitions, le likho pouvait aussi venir manger une personne. En particulier, cela était utilisé pour effrayer les petits enfants quand ils n'étaient pas sages. 
A l'origine, likho n'est pas un nom propre mais un nom commun neutre qui signifie "malchance" ou "mal" en russe. Par exemple, un proverbe russe dit "Ne réveillez pas un likho tant qu'il est calme", autrement dit "Ne réveillez pas le mal qui dort". Anciennement, le mot likho signifiait aussi "impair" en polonais. Les ménagères polonaises considéraient par exemple imprudent de laisser les poules couver un nombre impair d'oeufs.

Romulus et Rémus


(Source : https://owlcation.com/humanities)



L'histoire légendaire des fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, fait partie de la mythologie romaine. L'épisode le plus connu et le plus illustré de la légende constitue le moment où les jumeaux nouveau-nés sont abandonnés et sont recueillis par une louve qui les allaite. Leur histoire se déroule avant la fondation de Rome, vers 750 av. J.-C., mais le plus ancien récit écrit du mythe date du IIIe siècle avant notre ère.
La légende raconte qu'Ascagne, fils du héros troyen Enée, aurait fondé la ville d'Albe la Longue, une cité légendaire et des plus anciennes d'Italie, sur la rive droite du Tibre, à 20 km au sud-est de la future Rome. Beaucoup des descendants d'Ascagne ont régné sur la ville, jusqu'à l'arrivée de Numitor et de son frère Amulius. Ce dernier détrôna Numitor, et, pour qu’il n’existe aucune descendance qui puisse lui voler le trône, il condamna sa fille, Rhéa Silvia, à être prêtresse du dieu Vesta pour qu’elle reste vierge.
Mais le dieu Mars est venu voir Rhéa Silvia en rêve durant son sommeil afin de s'accoupler avec elle. Suite à cela, Rhéa Silvia donna naissance à deux jumeaux : Romulus et Rémus. Amulius, craignant que ses petits-neveux ne réclament leur dû en grandissant, prit prétexte qu'ils étaient les fils d'une vestale, qui avait fait vœu de chasteté, et ordonna qu'on les jette dans le Tibre. Mais l'ordre fut mal exécuté, les nouveau-nés furent abandonnés dans un panier sur le fleuve et survivèrent grâce à la probable protection des dieux. Le panier contenant les deux bébés fut trouvé par une louve, sous le Ficus Ruminalis, un figuier sauvage situé devant l’entrée de la grotte du Lupercale, au pied de l’une des sept collines de Rome, le Mont Palatin. La louve prit sous sa protection Romulus et Rémus, qu’elle allaita et considéra comme ses propres enfants. On dit aussi qu'un pivert, l'oiseau de Mars, fut chargé de veiller sur eux. Plus tard, un berger nommé Faustulus les rencontra par hasard auprès de la louve et décida de les emporter avec lui pour les élever avec son épouse Acca Larentia, mère de 12 enfants et qui, selon Tite-Live, était une prostituée que l’on surnommait Lupa (ce qui signifie la louve en latin), d’où l’allaitement légendaire de la louve.
Romulus et Rémus vivèrent une jeunesse campagnarde auprès de Faustulus, ils apprirent à garder les troupeaux et ainsi à entraîner leurs qualités de combattants en s'opposant aux brigands qui tentaient d'attaquer les troupeaux. Ils furent toutefois capturés dans une embuscade et conduits devant le chef des brigands qui n'était autre que Numitor. Les liens familiaux révélés, ce dernier put parfaire l'éducation des jumeaux. Dès lors, Romulus et Rémus décidèrent de venger la mort de leur mère en allant tuer Amulius, avant de restaurer leur grand-père Numitor sur le trône de la cité antique.
Romulus et Remus décidèrent ensuite de fonder leur propre ville, à l’endroit même où ils avaient été adoptés et protégés par la louve, sur les bords du Tibre. Cependant, une dispute éclata entre les deux frères pour savoir quel nom porterait la ville et qui en serait le roi. Pour se départager, les jumeaux consultèrent les auspices, autrement dit le vol divinatoire des oiseaux. Romulus se plaça sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin. L'interprétation du présage fut problématique : Rémus le premier aperçoit six vautours, mais Romulus finit par en observer douze. Malgré la contestation de son frère Rémus, Romulus entreprit la fondation de la ville à laquelle il donna son nom : Roma, en traçant un sillon avec sa charrue sur les côtes du Mont Palatin, afin de délimiter la frontière de sa ville, le 21 avril 753 avant Jésus Christ (début du calendrier romain). Une dispute éclata et Rémus franchit par dérision le sillon sacré que venait de tracer Romulus qui tua son frère sur le coup de la colère. On raconte que finalement, pris de remords, Romulus enterra son frère sous la colline de l'Aventin avec tous les honneurs.
Romulus entreprit alors la construction de sa ville. Très vite, la nouvelle cité attira vagabonds et esclaves, qui y trouvèrent refuge. Mais la nouvelle cité, lieu de refuge des hommes désormais libres souhaitant changer d'existence, manquait singulièrement de femmes, une pénurie qui condamnait le projet à brève échéance. Comme les tentatives de demandes de mariages dans les cités avoisinantes étaient repoussées avec mépris, Romulus décida de voler des femmes : c'est l'épisode de l'enlèvement des Sabines. Lors d'une fête organisée par Romulus, les femmes des Sabins et autres peuples voisins furent enlevées par surprise et mariées aux Romains. 
Furieux, les peuples outragés formèrent une coalition dirigée contre Rome. Romulus prit d'abord le dessus, mais grâce à la trahison de la jeune sabine Tarpéia, les Sabins parvinrent à s'introduire dans la ville et à s'emparer de la citadelle du Capitole. Romulus relança ses troupes à l'assaut mais ce sont finalement les épouses sabines des romains qui s'interposèrent entre les deux camps et mirent un terme aux combats. Romains et Sabins fusionnèrent et le gouvernement fut concentré à Rome qui doubla sa taille. Les deux rois, Romulus le Romain et Titus Tatius le Sabin, règnèrent ensemble "en parfait accord" pendant plusieurs années. Titus mourut cependant accidentellement lors d'une émeute, laissant Romulus seul roi. Romulus passa le reste de sa vie à guerroyer contre ses proches voisins étrusques. Il laissa, après sa mort, un état suffisamment fort et impressionnant militairement pour vivre en paix pendant quarante ans sous le règne de son successeur, Numa Pompilius, gendre du roi Titus Tatius.

Marie-Morgane


(Source : http://www.coeurdebreizh.com/pages/contes-et-legendes)



Les Marie-Morgane, ou morgans, sont l'équivalent breton des sirènes. Elles font partie du patrimoine légendaire de la Bretagne. En breton, "mor" signifie mer et "ganet" signifie né. Ce sont donc littéralement des êtres nés de la mer. On trouve aussi les formes anglophones Mary-Morgan ou Mari-Morgan. On dit aussi morganed au pluriel. 
Ce sont le plus souvent des fées d'eau semblable à des femmes, mais on trouve également des mâles. Les femmes sont aussi appelées morganezed. On les représente parfois avec un corps d'apparence entièrement humaine ou avec le bas du corps d'un poisson à l'image des sirènes traditionnelles.
Sur la côte nord du Finistère et particulièrement à Ouessant, on croyait encore vers la fin du XIXe siècle aux Morgans, un peuple qui demeurait sous la mer et en sortait pour se promener sur le rivage. François-Marie Luzel, poète et folkloriste breton du XIXe siècle, en recueille la légende en 1873. Selon lui, les morganed sont de petits hommes et de petites femmes qui vivraient sous les flots, où ils seraient dirigés par un roi dont le palais dépasserait en merveilles tout ce qu'il y a de plus beau sur terre. Les Marie-Morgane venaient parfois jouer sur le sable des grèves au clair de lune mais on ne pouvait les observer bien longtemps car, au premier battement de paupières, tout s'évanouissait. Les Marie-Morgane seraient d'un naturel paisible et bon, et les hommes en profiteraient pour les duper. Cependant, cette duperie serait réciproque puisque ces créatures se présenteraient sous les apparences les plus séduisantes pour entrainer les hommes au fond des eaux, le plus souvent des pêcheurs ou marins qui deviennent alors leurs prisonniers à jamais, mais jouissent de plaisirs infinis dans les palais sous-marins, au point d'oublier leur vie terrestre.
L'une des Marie-Morgane les plus connues est Dahut, héroïne de la légende de la ville d'Ys, l'un des récits les plus connus du légendaire breton. Probablement issue d'une légende celtique plus ancienne, l'histoire a été christianisée mais le personnage de Dahut était déjà présent dans le récit originel. Cette légende se rattache à deux groupes de mythes : celui des villes englouties et celui des femmes de l'Autre Monde.
Une tradition bretonne récente a fait d'Ys la capitale cornouaillaise du roi Gradlon, le roi légendaire d'Armorique et de Cornouaille qui aurait vécu entre le IVe et le Ve siècles, censée avoir été construite dans la baie de Douarnenez ou au large de celle-ci. Gradlon était tombé amoureux de Malgven, la reine du Nord, une sorte de fée. De leur union naquit une fille, Dahut, née sur un navire et dès lors passionnée par la mer. Mais Gradlon offensa sa femme en se convertissant au christianisme et elle le quitta. Plus tard, Dahut demande à son père de lui bâtir une cité marine. Il est fait selon son désir : la ville souhaitée est construite sur le fond de la baie de Douarnenez et on l’appelle Ys. La cité symbolise l’ancienne civilisation celtique face à l’intrusion du christianisme, et est donc une ville sans église, florissante et heureuse. Cependant, en dépit des sermons de saint Guénolé, Ys devient un lieu de péchés sous l'influence de Dahut qui y organise des orgies. Elle a l'habitude de faire tuer ses amants le matin venu. Son comportement est tel que Dieu décide de la punir. Un chevalier vêtu de rouge arrive à Ys, et provoque son engloutissement. Gradlon en réchappe mais Dahut est restituée à l'océan, devenant une Marie-Morgane. Après l'engloutissement de la ville, saint Guénolé veut dire une messe pour son salut. Alors qu'il élève son calice, il voit le torse blanc d'une fille aux cheveux de cuivre, avec un bras levé au ciel, surgir des eaux, une queue d'écailles bleues terminant son corps. C'était Dahut, devenue une Marie-Morgane. La main de Guénolé tremble et son calice lui échappe pour venir se briser sur les rochers. La messe ne sera pas consommée et, pour cette raison, la ville d'Ys demeurera maudite et Dahut prisonnière de sa forme de sirène. Chaque fois qu'elle se montre, un orage terrible éclate.

Maymaygwashi


(Source : https://mysteriousuniverse.org/)



Le Maymaygwashi est un esprit des eaux issu du folklore du peuple Ojibwa, appelé aussi Ojibway ou Chippewa aux Etats-Unis. Il s'agit de "siréneaux", au corps enfantin et au visage velu habitant dans des crevasses le long des rives escarpées du lac Supérieur, le plus grand des Grands Lacs d'Amérique du Nord, à cheval entre les Etats-Unis et le Canada.
Les Maymaygwashi sont des esprits ayant la forme de petits hommes. Ils vivent dans les roches, les eaux et les forêts de la région boréale de l'Amérique du Nord. Ils sont les gardiens de la terre et ceux qui ne les honorent ou ne les respectent pas manquent d'honneur et de respect envers la terre. La légende dit que ce manque de respect se fait à leurs risques et périls. On disait en effet qu'un Maymaygwashi pouvait attirer les mortels dans les profondeurs où ils étaient transformés à leur tour en êtres mi-hommes mi-poissons. 
Sur les falaises qui bordent la rive nord du lac Supérieur, en plusieurs endroits on peut voir des peintures rupestres, représentations d’animaux, réels ou fantastiques, de canoës, d’hommes et d’astres, situées souvent dans des anfractuosités ou sous des abris rocheux naturels, accessibles uniquement par la voie des eaux, au moyen d’une embarcation. Certaines de ces œuvres ont plusieurs millénaires et sont sans doute contemporaines du début de l’exploitation des gisements de cuivre dans la même région. On y voit aussi des empreintes de mains, peintes à l’ocre rouge sur le roc. Pour les Ojibwas, ce sont les Maymaygwashis qui ont fait ces empreintes en élevant leurs mains hors des eaux.
Les Français désignaient les Maymaygwashi sous le nom de Saulteux car ils les avaient rencontrés près du Sault Sainte-Marie, une municipalité canadienne.
Il existe un récit provenant d’un Euro-canadien qui prétend avoir vu une créature semblable au Maymaygwashi. Venant Saint-Germain, habitant de Repentigny (Québec), avait fait carrière dans le commerce des fourrures avec les autochtones de l’Ouest. En 1812, il raconta sous serment une histoire qui lui serait arrivée en mai 1782. A ce moment, Saint-Germain prenait le chemin de l’ouest pour se rendre au fort Kaministikwia (aujourd’hui Thunder Bay) à l’extrémité occidentale du lac Supérieur, à bord d’un canoë avec un équipage de trois hommes et une femme âgée de la nation Ojibwa. Ils s'arrêtèrent à l'île Pâté pour passer la nuit. Une fois le campement installé, Saint-Germain décida d'aller tendre des filets pour pêcher quelques poissons. Au crépuscule, alors qu'il s'apprêtait à repartir, il aperçut une créature inconnue dans les eaux du lac. L’être avait un torse semblable à celui d'un enfant de huit ans. Le visage avait un teint sombre et des cheveux crépus, décrits par Saint-Germain comme ceux d’un "jeune Noir". L’être se tenait à moitié sorti de l’eau, un des bras levé, l’autre appuyé sur la hanche, posture traditionnellement attribuée au Maymaygwashi. Le bas du corps, immergé, paraissait être celui d’un poisson. Saint-Germain appela ses compagnons qui purent voir la créature. Saint-Germain courut chercher son fusil mais quand il pointa l’arme chargée vers la créature, l’Amérindienne s’interposa, s’accrochant à ses vêtements et l’empêchant de viser. L'être plongea lentement pour ne pas reparaître. La femme tança alors vertement Saint-Germain, pour avoir voulu tirer sur le "dieu des eaux et des lacs". Elle prédit que la créature leur enverrait une tempête. Ce qui ne manqua pas de se produire. Vers onze heures du soir, une tempête commença, qui fut bientôt d’une telle intensité que les voyageurs durent tirer leur canot plus haut sur la rive et se réfugier sur les hauteurs de l’île. L’orage dura trois jours, les immobilisant sur l’île. Saint-Germain dit n’avoir vu qu’une coïncidence dans le déclenchement de la tempête. Le quatrième jour, ils purent reprendre leur route. Selon Saint-Germain, un autre voyageur aurait prétendu qu’une créature semblable avait déjà été vue près de l’île Pâté, le lieu de résidence du Manitou Niba Nabais selon les Ojibwas.
 
 



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