
(Source :
http://leseditionsdufaune.com/ )

Mélusine est une femme légendaire, souvent vue comme fée, formée de deux natures : la partie supérieure de son corps, jusqu'aux hanches, est celle d'une jeune femme, la partie inférieure celle d'un reptile ressemblant à un serpent.
Mélusine était d'origine royale. En effet, sa mère, la fée Présine, avait charmé et épousé Elinas, le roi d'Albany (Ecosse, en celte), non sans lui avoir fait promettre, avant leur mariage, de ne jamais essayer de la voir pendant ses couches. Trop curieux, Elinas désobéit et Présine, pour éviter une terrible malédiction, se voit contrainte à l'exil sur l'île d'Avalon, avec ses trois filles, Mélusine, Mélior et Palestine.
Devenues grandes, les trois filles attribuèrent à leur père leur situation de recluses et se vengèrent en l'enfermant dans une prison magique. Furieuse, Présine jette alors un sort à ses trois filles. Mélusine, l'aînée, est la plus sévèrement punie : elle sera, tous les samedis, serpent du nombril jusqu'au bas du corps. Dans le cas où elle trouverait un mari, celui-ci devra accepter de ne pas la voir ce jour car, s'il la découvre, elle sera condamnée aux tourments jusqu'à la fin de ses jours.
Quelques temps plus tard, Mélusine rencontre Raymondin de Lusignan, fils du roi des Bretons. Mélusine lui apparaît dans toute sa beauté, il en tombe immédiatement amoureux et la demande en mariage. La fée accepte de l'épouser et lui fait promettre de ne pas douter de son origine et de ne jamais chercher à la voir le samedi. En échange, elle offre à Raymondin la fortune ainsi qu'une nombreuse et longue descendance. Mélusine a toujours paru à Raymondin un miracle de bonté: elle élève ses dix enfants avec sagesse et leur forme une âme grande et généreuse. Mais presque tous portent sur leurs corps un signe visible de l'infamie maternelle.
Mais ce qui devait arriver arrive : Raymondin, trop curieux fait un jour, de la pointe de son épée, un trou dans l'épaisse porte des appartements de sa femme et découvre sa vraie nature. Découverte, la fée doit s'enfuir et nul ne la reverra sous forme humaine. Selon la légende, elle apparaîtra aux descendants de Raymondin au moment où ils passeront de vie à trépas.
La légende de la fée Mélusine nous est principalement connue à travers les récits en ancien français, notamment par l’ouvrage de Jean d’Arras, à la commande de Jean de Berry au XIVe siècle. Ce dernier cherchait à donner à sa dynastie une origine merveilleuse. Les récits médiévaux de Mélusine exploitent un fond mythologique beaucoup plus ancien puisque des légendes de femmes-serpents sont connues depuis l'Antiquité.