
(Source : https://yokai.com/)

Les yurei sont les fantômes du folklore japonais, le nom venant de
yuu signifiant "sombre" et
rei signifiant "âme" ou "esprit". Ce sont des âmes coincées entre le monde des vivants et celui des morts.
Dans de nombreuses cultures, une grande importance est accordée aux défunts, et le Japon ne fait pas exception, la mort y est même presque aussi importante que la vie. Lorsqu'une personne meurt, son âme voyage vers le
yominokuni, l'au-delà shintoïste, ou l'
anoyo, son équivalent bouddhiste. Mais rejoindre l'au-delà peut être une tâche ardue, c'est pourquoi les proches du défunt encore présents doivent accomplir certains rituels afin de le veiller, l'aider et l'accompagner dans son chemin vers l'au-delà. Une fois tous les obstacles franchis, le défunt deviendra un esprit protecteur qui veillera sur les membres de sa famille restés sur terre afin de les protéger de tout malheur. Il reviendra chaque année pendant la fête de l'Obon, qui a lieu en août, afin que sa famille puisse le remercier de sa protection. La fête de l'Obon est en effet une des dates les plus importantes du calendrier japonais où les familles se réunissent pour honorer leurs ancêtres.
Mais les victimes d'une mort non naturelle ou brutale (suicide, meurtre, accident...), les défunts qui n'ont pas résolu certains problèmes (ceux qui sont restés avec un profond chagrin, une grande colère, une envie de vengeance...), ou encore ceux pour lesquels les cérémonies n'ont pas été bien menées, peuvent se retrouver coincés entre la vie et la mort et devenir des yurei. Le spectre vengeur prend alors forme sur terre et n'obtiendra le repos qu'à partir du moment où les rites manquants auront été accomplis ou que son conflit émotionnel soit résolu. Si ce n'est pas le cas, il continuera à effrayer et hanter les mortels éternellement.
Un yurei est souvent représenté sous forme humaine sans pieds, flottant en l'air. Il arbore en général des longs cheveux noirs désordonnés, parfois avec un capuchon sur la tête qui vient devant le visage, et est vêtu d'un kimono blanc, tenue utilisée lors des rituels funéraires. Il s'agit souvent d'une jeune femme au teint pâle et livide. Elle porte un hitaikakushi sur le front, un talisman censé écarter les mauvais esprits. Un yurei peut parfois présenter certaines difformités, lorsqu'il prend l'apparence qu'il avait juste avant de mourir. La créature est souvent accompagnée de feux follets, pour signifier l’apparition d’un phénomène paranormal.
On distingue différents types de yurei, classés en fonction de leur agonie terrestre. Les funayurei sont des fantômes de marins naufragés qui tentent de couler des navires. Les kosodate yurei sont des yurei qui ne sont pas malfaisants, ce sont des fantômes de mères mortes pendant la grossesse ou l'accouchement et qui veulent revenir s'occuper de leur enfant. Les onryos sont des yurei vengeurs, c'est le type de yurei le plus utilisé dans les films d'horreur ou les mangas. Les goryos sont des yurei qui, avant leur décès, étaient nobles ou érudits. Les zashiki-waeashi ne sont pas des yurei dangereux, ce sont des fantômes d'enfants malicieux.
Afin de se prémunir des yurei, les japonais utilisent des talismans de bois ou de papier avec le nom d’une divinité, comme pour repousser les autres esprits. Cependant, il s’agit seulement d’une protection et pour que le yurei rejoigne définitivement le monde des morts, il faut lui offrir les rites funéraires qu’il n’a pas eus ou réaliser le souhait qui le retient ; un autre moyen est de lui coller un talisman sur le front. Pour les yurei les plus difficiles à renvoyer, seul un moine bouddhiste ou un exorciste peut alors, par un rituel, y parvenir.