Le Crépuscule et l'Aube est le quatrième roman historique écrit par Ken Follett pour sa fresque de Kingsbridge, il est paru en 2020 et constitue une préquelle aux trois autres romans de la série.
Le récit se déroule entre l'an 997 et l'an 1006 soit une période nettement plus courte que celles des autres romans de la série. Nous sommes sous le règne du roi Ethelred d'Angleterre, alors que l'unité du pays n'est fermement établie que depuis quelques dizaines d'années. L'élément historique principal est la recrudescence des attaques vikings qui a lieu à cette époque. On évoque aussi deux autres aspects historiques du règne d'Ethelred : la mise en place de poste de shérifs représentant l'autorité du roi face aux puissants ealdormen, et l'utilisation d'une frappe de monnaie commune à tout le royaume, ce qui permet à l'auteur d'évoquer la fabrication clandestine de fausse monnaie à laquelle un personnage important du récit est mêlé.
Cependant, le fond historique ne sert ici que de toile de fond, l'accent est à nouveau mis sur une description précise de la vie et de toutes les facettes de la société de l'époque. L'auteur décrit avec précision une Eglise tiraillée entre des moines vertueux et d'autres aux moeurs relâchées voire cruels ou dévorés d'ambition. Une Eglise qui peine encore à imposer des règles de vie plus morales face à d'anciennes coutumes barbares comme la polygamie ou la possession d'esclaves.
Comme à son habitude, Ken Follett introduit une multitude de personnages qui interagissent, multiplie les rebondissements. On retrouve les ingrédients qui ont fait le succès des précédents romans de la série. Le personnage principal, Edgar, est à nouveau un jeune artisan doué qui va progressivement tracer son chemin. La figure féminine forte est celle de Ragna, la fille du comte Hubert de Cherbourg, qui tombe amoureuse de l'aeldorman Wilwulf lors de la visite de celui-ci en Normandie et finit par l'épouser. Elle devra s'adapter aux moeurs anglaises, très différentes de celles des Normands, et s'imposer dans sa nouvelle famille. Le moine vertueux est Aldred qui tente de créer un centre d'érudition d'abord à Shiring et de redresser les moeurs dissolues de certains membres de l'Eglise, dont le puissant évêque Wynstan. Celui-ci représente le puissant cruel et machiavélique, prêt à tout pour ses ambitions. Wigelm quant à lui représente la bêtise brutale et gratuite facilitée par sa position noble. Enfin, le shérif Den représente la droiture, l'homme de confiance.
Le récit raconte aussi les origines du village fictif de Kingsbridge, comment s'y est installé un prieuré et comment celui-ci a pu prospérer.
Au final, c'est un roman qui tient en haleine les amateurs du genre, malgré ses plus de 1000 pages, même si je trouve la fin un peu trop rapide où on a l'impression que tout se remet en place de manière un peu miraculeuse...