Racines, dont le titre original est Roots : The Saga of an American Family, est un roman de Alex Haley publié en 1976. Il s'agit d'une saga familiale retraçant l'histoire d'une famille afro-américaine de l'époque de l'esclavage en Amérique du Nord à l'époque contemporaine. L'auteur a remporté le Prix Pulitzer 1977 pour cet ouvrage.
Alex Haley (1921-1992) est un écrivain américain connu notamment pour sa collaboration à l'autobiographie de Malcolm X et pour ce roman, Racines. Ce sont les histoires familiales qu'il avait entendues durant sa jeunesse qui le poussent à étudier son ascendance maternelle, d'origine africaine. Comme il l'explique dans le dernier chapitre du roman, il a effectué des recherches dans les archives et les bibliothèques pour soutenir avec des documents écrits la tradition orale de sa famille ; il a consulté des linguistes pour mieux identifier les mots de la langue du pays dont il pense être originaire, la Gambie ; il s'est rendu au village de Djouffouré où il a rencontré un griot qui lui a fourni un exposé oral de l'histoire du village, remontant jusqu'à l'évocation de l'enlèvement d'un jeune guerrier de la famille Kinté ; il a même fait le trajet entre l'Afrique et les Etats-Unis sur un cargo, pour mieux comprendre ce qu'a dû ressentir son ancêtre lors d'un voyage de trois mois vers l'Amérique, le plus souvent à fond de cale, au milieu d'ordures voire de cadavres et avec plus de cent autres êtres humains.
Malgré quelques controverses, parues après publication, sur la fiabilité des sources utilisées par l'auteur, Racines est un superbe témoignage d'un pan de l'histoire des Etats-Unis, vu cette fois du côté des esclaves.
Le premier quart du roman environ s'attache à décrire l'enfance et l'adolescence de Kounta Kinté dans son village natal africain, illustrant les rites, les coutumes et les croyances des habitants de Djouffouré. C'est alors la capture par les négriers et la description sans concession de leur cruauté et de l'atroce voyage de trois mois au fond de la cale d'un navire négrier. Après l'horrible voyage, Kounta sera confronté à un monde bien différent de ce qu'il a connu auparavant, il deviendra esclave dans une grande plantation, tentera à plusieurs reprises de s'enfuir, jusqu'à finalement être mutilé et accepter petit à petit sa nouvelle condition, tout en gardant toujours une trace de ses racines et sa dignité africaine.
Il parviendra à fonder une famille et à transmettre un peu de sa fierté d'antan et de son désir d'indépendance.
Mais lui et les siens ne sont plus que des esclaves, tout juste plus que des objets dont on peut disposer à sa guise et qu'on peut vendre à tout moment. C'est ce qui arrive à la fille unique de Kounta, Kizzy, qui, à 16 ans, est vendue à une autre plantation. Aux deux-tiers du récit environ, l'auteur abandonne Kounta pour suivre la nouvelle vie de Kizzy. Celle-ci sera violée par son nouveau maître et mettra au monde un petit garçon métis, George. Le roman suit ainsi l'histoire de la fille puis du petit-fils, des arrière-petits-enfants de Kounta... jusqu'à la naissance d'un de ses arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils, Alex Haley. Et la famille a toujours gardé une trace orale de son histoire, qui remontait à travers les générations jusqu'à "l'Africain".
En filigrane de l'histoire familiale, le roman évoque également les évolutions politiques aux Etats-Unis et leurs conséquences sur la vie dans les propriétés du Sud. En particulier, le long chemin vers l'abolition ne se fera pas sans heurts.
Le livre est passionnant et émouvant, même si l'auteur ne verse pas dans un ton larmoyant, le récit et la description de la vie des esclaves se suffisent à eux-mêmes.
Le roman a été adapté en une mini-série de 8 épisodes, diffusée en France en 1978, mais que je n'ai jamais au l'occasion de voir.