Les carnets de PiPhie

 

Le procès de la momie, Christian Jacq, aux éditions XO Pocket, 472 pages.



Londres 1821. L'explorateur aventurier italien Giovanni Belzoni, surnommé le Titan de Padoue, organise sur les bords de la Tamise la première exposition consacrée à l'art égyptien. En prélude à cette exposition, il organise également, avec l'aide de son épouse Sarah, une soirée consacrée au débandelettage d'une momie, dans les grandes caves voûtées d'un hôtel particulier, décor qui ajoute à l'étrangeté de l'évènement. Au cours de cette soirée, les riches convives qui ont pu obtenir une place pourront acquérir les objets découverts sur la momie, y compris les bandelettes. L'assistance retient son souffle lorsque la momie apparaît : le corps est si parfait, si bien conservé, qu'il en paraît presque vivant. Mais plusieurs détracteurs condamnent la cérémonie : un pasteur anglican menace d'anathème les profanateurs, un vieux lord acariâtre voudrait jeter la momie à ses chiens, et un médecin légiste souhaite l'autopsier et découvrir ainsi ses secrets.
Mais on ne manque pas ainsi de respect à une ancienne dépouille, et le lendemain, les trois détracteurs sont découverts assassinés. L'arme du crime : un crochet d'embaumeur, servant à extraire le cerveau des momies. Et la momie, elle, a disparu.
L'inspecteur Higgins, le meilleur policier du royaume, qui pensait goûter à une retraite méritée dans la campagne anglaise, est chargé de l'enquête par les représentants du gouvernement, pour qui l'affaire ne fait aucun doute : les crimes sont signés Littlewood, un agitateur révolutionnaire, qui recrute dans les quartiers miséreux de Londres, afin de soulever la population contre la monarchie, incarnée par le souverain décrié George IV, sur le modèle de la récente révolution française.
Mais Higgins doit d'abord lutter contre le gangrenage de la police londonienne inefficace, lui qui rêve de créer un corps de police intègre sous le nom de Scotland Yard. Et les conclusions trop hâtives des émissaires du gouvernement ne le satisfont pas. Il est nécessaire d'abord de trouver un lien entre l'agitateur Littlewood et la disparition de la momie de Belzoni. Et a priori, tous les participants au débandelettage sont des suspects potentiels, y compris Belzoni, Littlewood étant sans doute le surnom révolutionnaire de l'un d'entre eux. Pour mener son enquête, Higgins obtiendra l'aide inattendue d'une jeune aristocrate distinguée, Lady Suzanna, seule femme avocate du royaume, qui avait également participé à la soirée de Belzoni.
Pendant ce temps, l'exposition de Belzoni est un succès, et l'explorateur italien, qui vient également de publier le récit de ses découvertes, tente de faire accepter ses plus belles pièces au British Museum, espérant ainsi acquérir la respectabilité d'un scientifique reconnu...


Christian Jacq, le célèbre égyptologue devenu romancier, nous livre ici un roman policier sur fond historique du Londres du début du XIXe siècle. Il mêle la situation politique de l'époque, avec des agitations révolutionnaires dans les quartiers miséreux de Londres, à la découverte de l'égyptologie par le grand public. En filigrane du roman, il met également en lumière la lutte scientifique que se livrent l'anglais Thomas Young et le français Jean-François Champollion pour le déchiffrement des hiéroglyphes.
Le roman nous permet de faire surtout connaissance avec Giovanni Belzoni, une des grandes figures historiques de l'archéologie égyptienne. Italien originaire de Padoue, Belzoni, fuyant l'Italie, s'est d'abord illustré comme homme fort dans des foires londoniennes. Las de cette vie, il décide avec sa femme Sarah, une belle irlandaise, de tenter sa chance en Egypte, où il utilisera d'abord ses talents en ingénierie hydraulique. Mais son penchant pour l'aventure et l'exploration le mène à devenir pourvoyeur d'antiquités égyptiennes pour le consul britannique Henry Salt. On lui doit de nombreuses découvertes importantes, comme celle de la tombe de Séthi 1er, le père de Ramsès II, l'ouverture de la pyramide de Kephren à Gizeh, ou l'exhumation du grand temple d'Abou Simbel.
Mais Christian Jacq nous décrit aussi une époque marquée par la guerre que se livraient archéologues et aventuriers de diverses nationalités pour piller les trésors de l'Egypte. Ces trésors étaient éparpillés dans les musées ou vendus à de riches particuliers, on démontait des obélisques pour les ériger dans des squares européens, et surtout, on ne montrait aucun respect pour les antiques momies qui, une fois dépouillées, finissaient souvent dans les ordures, ou transformées en onguent supposé guérir de tous les maux.
Même s'il s'agit d'un roman policier racontant l'enquête de l'inspecteur Higgins, on sent donc bien l'égyptologue en arrière-plan, et l'aspect historique du roman me semble d'ailleurs être son aspect le plus intéressant, l'enquête policière souffrant elle un peu de répétitions.
 
 



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