Les carnets de PiPhie

 
L'Héritage, C. Paolini, histoire complète en 4 tomes aux éditions Bayard Jeunesse.


Eragon, premier tome du cycle

L'Alagaësia est un monde peuplé de diverses espèces capables de parler et raisonner : les Humains qui luttent pour survivre ou pour s'assurer le pouvoir, les Elfes aux oreilles pointues, à la longue vie et aux pouvoirs exceptionnels, les Nains petits mais robustes et amateurs de roche et de pierres précieuses, les Dragons au puissant corps écailleux, capables de voler, de cracher le feu et de communiquer par télépathie, les Urgals, puissants humanoïdes à la peau grise et portant deux cornes sur le front, et dont la culture tribale est centrée sur la capacité à tuer et sur la guerre, les chats-garous discrets et mystérieux et qui ont la capacité de se transformer à volonté sous forme humaine ou sous forme de chat, et aussi les derniers Ra'zacs (ou Lethrblaka quand ils sont pleinement à maturité), créatures à la langue sifflante, munies d'un bec et se nourrissant de chair humaine, ou encore les Ombres, sorciers puissants possédés par de nombreux esprits, au corps efflanqué, aux cheveux et yeux rouges, et au caractère cruel. Les Dragons et les Nains sont les deux premières espèces originaires de l'Alagaësia, les autres espèces étant issues d'autres mondes et ayant progressivement peuplé l'Alagaësia.
Les elfes sont capables de magie grâce à leur connaissance de l'Ancien Langage, qui impose également de ne pas mentir et peut lier deux individus par des serments inviolables. Certains individus des autres espèces, notamment les humains, sont aussi capables d'utiliser la magie de manière plus ou moins puissante selon leur connaissance des mots de l'Ancien Langage.
Il y a des milliers d'années, après que les Elfes se soient installés en Alagaësia, une grande guerre, appelée Du Fyrn Skulblaka, opposa les elfes et les dragons qui laissa de grandes pertes dans les deux camps. Les Elfes commirent l'erreur de penser d'abord que les Dragons n'étaient que de puissants animaux. La cité elfique d'Ilirea fut brûlée par les Dragons et abandonnée par les Elfes. Grâce à leur magie, les Elfes parvinrent à tuer de nombreux dragons et à détruire leurs oeufs. Finalement, un jeune elfe appelé Eragon trouva un oeuf de dragon abandonné. Il en sortit un dragon appelé Bid'Daum et un lien indissociable se noua entre l'elfe et lui. Leur alliance a permis de mettre fin à la guerre par la signature de traités de paix. Et pour être sûrs que la guerre ne se reproduise pas, ils créèrent la Caste des Dragonniers. Ceux-ci devinrent les gardiens de la paix, des éducateurs, des guérisseurs, des alchimistes, et aussi les plus puissants des magiciens grâce au lien unique que chaque dragonnier entretient avec son dragon. Sous leur autorité et leur protection, l'Alagaësia connut son Age d'or. Et quand les humains arrivèrent en Alagaësia, certains d'entre eux rejoignirent cet ordre d'élite et héritèrent des pouvoirs qu'apporte le lien avec un dragon, notamment une longévité de vie exceptionnelle.

Mais, après de longues années de paix, des guerriers Urgals tuèrent le dragon d'un jeune dragonnier humain au potentiel exceptionnel nommé Galbatorix. Cette perte cruelle le rendit fou, et plus encore le refus des Anciens de la caste de lui fournir un nouveau dragon. Il résolut alors de détruire les Dragonniers. Avec l'aide de Morzan, un jeune dragonnier qu'il avait su circonvenir, il vola d'abord un dragon noir, nommé Shruikan, et l'asservit, tout en augmentant sa taille, par la puissance de sa magie noire qu'un Ombre, Durza, lui avait enseignée au cours de ses errances. Il rassembla ensuite autour de lui un groupe de traitres, au nombre de treize, qu'on nomma les Parjures. Morzan fut le premier d'entre eux, initié aux forces maléfiques par Galbatorix. Avec leur aide, Galbatorix anéantit les Dragonniers, tua leur chef, Vrael, et saccagea l'île de Vroengard, refuge des Dragonniers et de leur dragons, en emportant avec lui les trois derniers oeufs de dragon. Il se proclama alors roi de l'Alagaësia et s'installa dans l'ancienne cité d'Ilirea, rebaptisée Urû'baen, qui deviendra le siège de la puissance toujours croissante de Galbatorix. Les Parjures succombèrent peu à peu et le dernier à être tué fut Morzan. Galbatorix régnait en maître absolu. Il conclut un pacte avec les Ra'zacs afin qu'ils le servent et continua à utiliser l'Ombre Durza pour certaines missions. Restant la plupart du temps dans sa citadelle imprenable d'Urû'baen, Galbatorix passa son temps à poursuivre des recherches pour augmenter la puissance de sa magie, tout en soumettant à son autorité toutes les personnes qui lui étaient utiles grâce à des serments prononcés dans l'Ancien Langage.
Néanmoins, la victoire de Galbatorix ne fut pas totale, les Elfes et les Nains restèrent autonomes, les premiers réfugiés dans leur forêt magique du Du Weldenvarden, les seconds dans les immenses grottes et cratères des hautes montagnes des Beors. Certains humains créèrent également un territoire indépendant au sud du royaume, appelé le Surda. Un groupe de résistants se forma même au coeur de l'Empire, appelés les Vardens. Composés essentiellement d'hommes et de nains, les Vardens avaient conclu une alliance avec les Elfes et pouvaient également compter sur l'aide du Surda en cas de nécessité. Les Vardens élaborèrent un plan pour voler les trois derniers oeufs de dragon, en possession de Galbatorix, mais ils ne réussirent qu'à en emporter un seul, l'oeuf bleu. Restait à décider qui serait le nouveau dragonnier. Pour donner une chance égale à leurs deux peuples, les Elfes et les Vardens humains décidèrent de garder alternativement l'oeuf jusqu'à ce qu'il se décide à éclore lorsqu'il aurait choisi son futur dragonnier. C'est l'elfe Arya, ambassadrice de son peuple auprès des Vardens, qui fut chargée de transporter l'oeuf entre Farthen Dûr, la base des Vardens, et le Du Weldenvarden, la forêt des Elfes. Mais sur l'ordre de Galabatorix, l'Ombre Durza réussit à tendre une embuscade à Arya, tandis qu'elle transportait l'oeuf. Durza tua les compagnons elfes d'Arya et celle-ci parvint juste à téléporter l'oeuf au loin avant d'être capturée.

C'est dans ce monde que vit Eragon, un jeune paysan de 15 ans, qui porte le même prénom que l'elfe qui a créé la Caste des Dragonniers des milliers d'années avant son existence. Orphelin, il ne sait pas qui est son père et n'a pas connu sa mère, il a été elevé par son oncle Garrow en compagnie de son cousin Roran, un peu plus âgé que lui. Garrow et sa femme Marian, décédée depuis, l'ont élevé comme leur deuxième fils et il considère Roran comme un grand frère. La famille vit dans une ferme isolée sur les hauteurs du village de Carvahall situé à l'estrême nord-ouest de l'Alagaësia, au bord de la Crête, une chaîne de montagnes sauvages bordant tout l'ouest de l'Empire, et considérées comme maudites par beaucoup d'habitants à cause d'étranges légendes qu'on colporte à leur sujet. Eragon est l'un des rares habitants de Carvahall à oser s'y aventurer pour chasser du gibier.
Au moment où commence le récit, Eragon en est à sa troisième nuit de traque sur la Crête, espérant capturer du gibier pour sa famille qui avait besoin de viande, l'hiver approchant à grands pas. C'est alors qu'une explosion troue la nuit tout près de lui, lui faisant manquer le gibier. L'explosion laisse un large cercle carbonisé au milieu de la végétation et, au centre, une pierre bleue soigneusement polie, froide et lisse, douce comme de la soie et garnie de petites veinures blanches. De forme ovale et mesurant une trentaine de centimètres, elle parait curieusement légère quand Eragon décide de l'emporter. Il espère trouver un amateur pour vendre cette pierre magnifique, ce qui lui permettrait d'acheter de quoi manger mais il ne trouve pas acquéreur, surtout que la pierre provient de la Crête donc éveille les superstitions.
Quelques jours plus tard, des marchands ambulants se sont installés à Carvahall, comme chaque année à la même période. Des chariots, des tentes, des feux de camp sont disséminés sur les extérieurs du village. Les stands des commerçants attirent tous les habitants et donnent un air de fête. Garrow et Eragon soumettent la pierre à Merlock, un marchand spécialisé dans la vente de bijoux, mais celui-ci ne peut identifier l'origine de la pierre et refuse aussi de l'acheter. Merlock puis d'autres marchands évoquent de plus l'intensification des troubles en Alagaësia liés au règne tumultueux de Galbatorix et à son opposition avec les Vardens. Eragon attend aussi avec impatience la soirée qui verrait les troubadours partager les contes et récits mythologiques que le garçon adorait, en particulier la geste des Dragonniers. Le village a lui-même son vieux conteur, Brom à la longue barbe blanche, qui est aussi un ami d'Eragon. Ce soir-là, Brom raconte à un auditoire captivé la geste des Dragonniers et l'ascension de Galbatorix.
En revenant à la ferme, Eragon installe la pierre dans sa chambre après l'avoir examinée pour tenter de percer son mystère. En pleine nuit, il est réveillé par des bruits suspects. Il finit par comprendre que cela vient de sa pierre. Au petit matin, la pierre fait plus de bruit encore et est agitée de soubresauts. Alors la pierre se fissure, des couinements s'en échappent et il en sort... un bébé dragon ! A peine plus grand que l'avant-bras d'Eragon, l'animal a déjà une allure altière et digne, ses écailles sont d'un bleu saphir profond, ses ailes déployées font plusieurs fois la longueur de son corps, sa tête triangulaire se termine par une gueule montrant deux canines blanches déjà acérées, une rangée de piquants court le long de son corps. Explorant la pièce, le petit dragon piaille comme s'il avait faim. Au moment où Eragon se dédide à toucher l'animal, une décharge d'énergie jaillit, fusant le long de son bras, provoquant une intense douleur dans tout son corps. Après s'être remis du choc, il constate une marque argentée eu creux de sa paume. En même temps, il sent l'esprit du dragon s'immiscer dans sa conscience. La première pensée perçue est celle d'une faim dévorante. Eragon remédie donc d'abord à ce premier besoin.
La présence du dragon est un vrai dilemme pour Eragon. Il peut maintenant espérer devenir Dragonnier mais il est conscient des dangers que coureraient sa famille et lui si l'Empire venait à découvrir l'existence du dragon. Il décide néanmoins d'élever le dragon, d'abord à l'abri de tout regard, y compris son oncle et son cousin. Il aménage une cachette dans la forêt où le dragon pourra être à l'abri et où il pourra venir régulièrement le retrouver. Il comprend vite qu'il est possible de communiquer avec le dragon par télépathie, afin de lui faire comprendre qu'il doit rester caché.
Les jours passent, Eragon s'organise pour assurer son travail à la ferme en même temps qu'une présence près de son dragon qui grandit à vue d'oeil. Son contact mental avec la créature se fortifie de jour en jour et il parvient de mieux en mieux à communiquer avec elle.
Eragon se rend alors à Carvahall chez Brom afin d'essayer d'en savoir plus sur les dragons, les dragonniers et leurs origines. Il apprend l'histoire de l'elfe Eragon dont il porte le prénom. Il espère aussi trouver un nom pour son dragon. Au retour, son cousin Roran lui apprend son intention de se rendre à Therinsford pour travailler au moulin d'un certain Dempton. Roran veut gagner de l'argent car il est amoureux de Katrina, la fille du boucher de Carvahall, et espère l'épouser et fonder une famille. De retour auprès de son dragon, Eragon décide de communiquer pour trouver un nom qui convienne à la créature. C'est alors qu'il comprend qu'il s'agit d'une dragonne et son nom sera Saphira !
Tandis que Roran se prépare à partir pour Therinsford, Eragon décide d'attendre son départ pour dévoiler l'existence de Saphira à son oncle. Le jour du départ, Eragon escorte son cousin jusque Carvahall tandis que Garrow reste à la ferme. Eragon apprend que deux étrangers sont arrivés à Carvahall, ils sont étranges, habillés de noir avec une épée au côté, et semblent chercher la pierre trouvée par Eragon. Espionnant les étrangers, Eragon repère très vite qu'il s'agit d'agents de l'empire, leur allure est glaçante. Et ils apprennent par le boucher Sloan, à qui Eragon avait proposé sa pierre, qu'il est le découvreur de celle-ci.
De retour auprès de Saphira, il constate que la présence des étrangers la fait paniquer autant que lui. C'est alors qu'il vit son premier vol sur le dos de la dragonne. Celle-ci, sous l'effet de la panique, ferme son esprit et lui fait vivre un très long vol qui le laisse perclus de crampes et marqué d'écorchures consécutives au frottement contre les écailles de Saphira. Celle-ci les a emmenés sur la Crête et Eragon doit maintenant la convaincre de revenir à la ferme. Quand ils y parviennent, ils constatent que celle-ci a été dévastée et ils retrouvent Garrow sous les décombres, dans un piteux état. Eragon se sent responsable du malheur, il sait que c'est la présence de l'oeuf de Saphira qui a amené le désastre. Malgré les soins, Garrow ne survivra pas à ses blessures.
Tout le monde d'Eragon s'écroule, Saphira est tout ce qui lui reste. Il décide alors de se venger, il va quitter le village, poursuivre les étrangers responsables de son malheur. C'est alors qu'il croise Brom. Celui-ci avait remarqué la marque argentée sur la paume du garçon et connaissait sa signification : il s'agit d'une gedwëy ignasia marquant l'empreinte entre un dragon et son dragonnier. Brom décide de partir avec Eragon et de l'aider, ils rejoignent tous les deux Saphira. Lors des préparatifs, Brom donne à Eragon une épée de dragonnier, appelée Zar'roc. Il lui apprend aussi qui sont les étrangers qui ont tué son oncle, les Ra'zacs. Mais il reste encore très mystérieux sur les sources de son savoir et sur ses motivations.
C'est le début d'un long périple pour Eragon et Saphira...
L'Héritage est un cycle de fantasy écrit par Christopher Paolini. L'auteur écrivit le premier tome alors qu'il n'était âgé que de 15 ans, et il avait 19 ans quand il a été publié. Au départ, il envisageait une trilogie mais l'histoire s'étend finalement sur quatre tomes. Le Cycle de l'Héritage est désormais traduit dans plus de cinquante langues et a été vendu à plus de 40 millions d'exemplaires dans le monde. En 2018, l'univers s'est vu augmenté d'un recueil de nouvelles : La fourchette, la Sorcière et le Dragon, initiant les Légendes d'Alagaësia.
Le récit s'appuie sur les classiques de l'héroïc fantasy. On y retrouve les trois races principales, humains, elfes et nains, ainsi que les dragons. L'auteur ajoute une race supplémentaire, les Urgals, d'abord vus comme des guerriers effrayants et sanguinaires mais qu'on apprendra ensuite à mieux connaître. Le monde dans lequel vit Eragon est aussi imprégné par la magie, et on retrouve quelques autres races introduites par l'auteur, comme les terribles Ra'zacs, ou quelques races d'animaux étranges.
L'auteur décrit de manière très intéressante les différents lieux de son récit et leur spécifité. On aimerait déambuler dans Ellesmera, la cité magique des Elfes, ou dans Farthen Dûr, la fantastique caverne des nains. Chaque race a ses coutûmes, sa religion parfois, son organisation sociale que l'auteur décrit avec minutie. Je pense en particulier aux différents clans qui forment le peuple nain, leur mythologie fondée sur le dieu principal Helzvog, leurs coutûmes particulières notamment lors de l'élection de leur roi.
L'auteur introduit également des mots de langage spécifique aux différentes races : l'Ancien Langage des elfes, le langage guttural des nains, voire quelques mots pour les Urgals. Chaque tome comprend un lexique à la fin mais on sent que cet aspect n'a pas été très développé, Christopher Paolini, malgré son talent, n'est pas Tolkien...
Le récit est plutôt bien ficelé, on suit avec plaisir les péripéties des aventures de Eragon et Saphira, leur évolution à chacun d'eux à l'intérieur du lien qui les unit. Les personnages sont nombreux, apparaissent au fur et à mesure du récit, interagissent tout en gardant la cohérence de l'ensemble. Pour moi, c'est une prouesse d'arriver à faire cohabiter tant de personnages importants tout en gérant les multiples rebondissements du récit.
Le roi Galbatorix est un méchant à l'image de Sauron dans Le Seigneur des Anneaux. Pendant la plus grande partie du récit, il est présent par son influence mais il n'apparait jamais directement. Ce n'est qu'à la fin de l'histoire, dans le quatrième tome, que l'auteur donnera corps à son principal méchant.
J'ai lu l'ensemble deux fois, je pense que la deuxième lecture m'a permis de mieux entrer dans l'univers, de mieux comprendre les multiples aspects du récit. La lecture est très fluide et on quitte l'univers à regret malgré un total d'environ 3500 pages dans l'édition poche que je possède.

Le premier tome du cycle, Eragon, a fait l'objet d'une adaptation cinématographique réalisée par Stefen Fangmeier et sortie en 2006. On peut y noter la présence de Jeremy Irons qui campe Brom et de John Malkovich en roi Galbatorix.
Si le film est sympa à voir pour les amateurs du genre et montre une très belle Saphira, il a en général déçu les lecteurs de la saga par la quantité d'éléments présents dans le roman et non mentionnés dans le film. La simplification extrême du film semble n'avoir pas convaincu et aucune suite n'a jamais été envisagée.
Pour ma part, j'ai vu le film, je dirais que c'est un bon moment de détente qui reprend quelques éléments clés du roman, et voir Saphira prendre vie à l'écran vaut quand même le détour, mais je confirme que cela manque de cohérence par rapport au roman et le risque était donc bien réel de se perdre si une suite avait été envisagée.
 
 



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