Les carnets de PiPhie

 
Bilbo le Hobbit, J. R. R. Tolkien, aux éditions Le Livre de Poche


Dans un trou vivait un hobbit. Ce n'était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d'une atmosphère suintante, non plus qu'un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s'asseoir ni sur quoi manger : c'était un trou de hobbit, ce qui implique le confort.
Un trou de hobbit, même s'il est creusé dans le sol, est en effet un endroit douillet et confortable, organisé comme un tunnel avec de nombreuses pièces de part et d'autre, l'entrée étant une porte tout à fait ronde, peinte en vert, avec un bouton de cuivre jaune bien brillant exactement au centre. Lambrissé et garni de tapis, le tunnel s'ouvrait sur de multiples chambres, salles de bain, caves, réserves, cuisines, salles à manger, et tout de plain-pied.
Car le hobbit qui vivait là était un hobbit très cossu qui s'appelait Bilbo Baggins. De son père Bungo, Bilbo tenait un caractère tranquille, attaché à ses racines et aux traditions hobbites. Mais la mère de Bilbo était la fameuse Belladone Took, l'une des trois remarquables filles du Vieux Took, chef des hobbits qui habitaient de l'autre côté de l'Eau. Les membres du clan Took étaient connu pour une certaine bizarrerie, un petit quelque chose de pas tout à fait hobbital, qui ne demandait qu'à se révéler chez Bilbo.

Un jour que Bilbo se tenait debout à sa porte après le petit déjeuner, en train de fumer une énorme et longue pipe de bois qui descendait presque jusqu'à ses pieds laineux et brossés avec soin, vint à passer Gandalf. Gandalf est un magicien errant, ancien ami du Vieux Took, et célèbre à Hobbittebourg pour ses magnifiques feux d'artifice. Gandalf voulait convaincre Bilbo de participer à une aventure, mais celui-ci en refusa l'idée et se réfugia chez lui aussi vite que lui permettait la politesse. Alors Gandalf, du fer de son bâton, traça un signe bizarre dans la belle peinture verte de la porte du hobbit.

Le lendemain, à l'heure du thé, une retentissante sonnerie se fit entendre à la porte de Bilbo. Pensant que c'était Gandalf, il rajouta une tasse et des gâteaux et courut ouvrir. Ce n'était pas Gandalf, mais un nain avec une barbe bleue passée dans une ceinture dorée et des yeux brillants sous un capuchon vert foncé. Il dit s'appeler Dwalïn et entra tout comme s'il était attendu. La politesse des hobbits est une de leurs plus grandes qualités et Bilbo ne put que l'accueillir et lui offrir du thé. Mais progressivement ce sont d'autres nains qui vont sonner à la porte et s'intaller à la table du hobbit. Ils seront finalement treize, auxquels se joindra Gandalf : après Dwalïn viendront Balïn, Kili, Fili, Dori, Nori, Ori, Oïn, Gloïn, Bifur, Bofur, Bombur et enfin Thorïn. Ils firent là une réunion joyeuse, buvèrent, mangèrent, jouèrent de la musique et chantèrent, tandis que le pauvre Bilbo, bousculé par cette foule inattendue, ne savait où donner de la tête.

Mais Thorïn n'est autre que Thorïn Oakenshield (écu de chêne), un nain très important, petit-fils de Thror, le dernier Roi sous la Montagne. Gandalf et les nains montent une expédition afin de reprendre possession de la demeure et du trésor des nains, à la Montagne Solitaire. Pour cela, ils disposent d'une carte sur un vieux parchemin, montrant une entrée secrète, et d'une mystérieuse clé. En effet, le trésor est gardé par un puissant dragon, Smaug, et l'expédition sera pleine de dangers. Ils souhaitent s'adjoindre les services d'un "cambrioleur" qui pourra se glisser le plus silencieusement possible dans l'antre du dragon. Et Gandalf est persuadé que Bilbo est la personne la mieux à même de remplir ce rôle, même s'il n'y paraît pas au premier abord.

D'ailleurs, même Bilbo ne se sent pas du tout fait pour cette aventure. Mais, au dernier moment, son côté Took reprend le dessus et il décide, en toute hâte, de rejoindre la compagnie des nains déjà sur le chemin. C'est le début d'une grande aventure qui lui fera traverser les Terres Solitaires et la forêt de Mirkwood dont il ne faut absolument pas quitter le sentier, qui lui fera rencontrer de nombreuses créatures de la Terre du Milieu, des trolls mangeurs de chair humaine aux féroces gobelins, du sinistre Gollum aux elfes sylvestres, du changeur de peau Beorn aux simples humains...
Bilbo le Hobbit, ou Le Hobbit, est un roman de fantasy de l'écrivain britannique J. R. R. Tolkien. Rédigé de manière intermittente de la fin des années 1920 au début des années 1930, Le Hobbit n’a d’autre but à l’origine que de divertir les jeunes enfants de Tolkien. Le manuscrit inachevé circule parmi les proches de l’écrivain et arrive finalement chez l’éditeur londonien George Allen & Unwin qui demande à Tolkien d’achever le récit et de l’illustrer.
Le roman parait le 21 septembre 1937 au Royaume-Uni. C’est la première œuvre publiée qui explore l’univers de la Terre du Milieu, sur lequel Tolkien travaille depuis une vingtaine d’années. Elle rencontre un franc succès critique et commercial, qui incite Allen & Unwin à réclamer une suite à son auteur. Cette suite devient le roman le plus connu de Tolkien : Le Seigneur des Anneaux, une œuvre beaucoup plus complexe et sombre. Le souci de cohérence entre les deux ouvrages pousse l’écrivain à procéder à des révisions du texte du Hobbit, concernant en particulier le rôle de Gollum.

Le roman est écrit par Tolkien dans un style assez direct, sans prétention, beaucoup plus simple que dans Le Seigneur des Anneaux. Prenant pour acquis son monde imaginaire, les descriptions sont rapides et pratiques. La forme de base du récit est une quête, effectuée par épisodes. Presque chaque chapitre introduit un nouvel habitant de la Terre du Milieu, tantôt amical, tantôt dangereux. Malgré les moments menaçants, le ton général est léger, interrompu même ça et là par des chansons. Tolkien considérait en effet Le Hobbit comme une sorte de conte de fées adapté aux enfants.

L'histoire est aussi une sorte de voyage initiatique qui va permettre au héros de l'histoire, Bilbo, de se révéler à lui-même. Le héros n'est en effet pas un beau et jeune prince, figure caractéristique des contes de fées, mais un hobbit dodu et cossu, d'âge mûr. Les hobbits forment une variété de petite taille de l'espèce humaine, ils mesurent le plus souvent entre 60 et 130 cm, ce qui fait qu'on les surnomme souvent "demi-hommes". Leurs autres caractéristiques physiques particulières sont leurs pieds puissants, dont la plante cornée et dure leur permet de se passer de chaussures, et dont le dessus est garni d'une pilosité abondante et frisée, à l'image de leur chevelure, souvent brune et bouclée. Ils ont un visage rubicond, sans barbe, et les oreilles légèrement pointues.
Ils aiment la bonne chère, prenant en général six repas par jour, et se consacrent principalement à l'agriculture dans la fertile Comté où ils habitent. D'une nature aimable et pacifique, ils sont très hospitaliers et organisent des fêtes à la moindre occasion.

Le Hobbit est également connu par la trilogie cinéma produite par Peter Jackson, le célèbre réalisateur du Seigneur des Anneaux, secondé par le réalisateur mexicain Guillermo Del Toro. La trilogie est composée d'Un voyage inattendu (2012), de La Désolation de Smaug (2013) et de La Bataille des Cinq Armées (2014), et est réalisée dans la continuité de la trilogie du Seigneur des Anneaux (2001-2003). Certains personnages du Seigneur des Anneaux apparaissent d'ailleurs dans les films du Hobbit alors que ce n'est pas le cas dans le roman, comme Galadriel, Légolas, Saroumane et même Frodon. D'autres personnages sont inventés pour les films, comme l'elfe Tauriel.
De manière générale, Peter jackson a nettement amplifié les évènements du roman, contrairement au Seigneur des Anneaux qu'il a dû réduire, ce qui explique qu'on ait deux trilogies, celle du Hobbit basée sur un roman d'environ 300 pages, et celle du Seigneur des Anneaux, basée sur trois romans d'environ 500 pages chacun. Dans l'ensemble, les films de Peter Jackson sont assez fidèles au déroulement du récit dans Le Hobbit, mais certains personnages ont été rajoutés, d'autres ont vu leur rôle s'amplifier. Là où Tolkien raconte les évènements de manière rapide et pratique, Jackson en a fait des scènes épiques, développant l'intrigue et les rebondissements.
 
 



Créer un site
Créer un site