Les carnets de PiPhie

 
Autant en emporte le vent, Margaret Mitchell, histoire complète en 3 volumes aux éditions Folio


Scarlett O'Hara est une jeune fille issue d'une riche famille de planteurs de coton de Georgie, état de la Confédération Sudiste, née de la sécession des états du sud des Etats-Unis avec les Etats-Unis eux-mêmes, alors surnommés l'Union.
Scarlett est l'aînée des trois filles de Gerald et Ellen O'Hara.

Gérald est venu d'Irlande en Amérique à l'âge de 21 ans et, comme bon nombre d'Irlandais à l'époque, il avait quitté précipitamment son pays, n'emportant pour tous vêtements que ceux qu'il avait sur le dos. Il était le benjamin et le plus petit d'une famille robuste, son père et ses cinq frères étant des forces de la nature. Mais Gérald ne considéra jamais sa petite taille comme un obstacle, il était audacieux et d'un tempérament bouillant. En arrivant en Amérique, Gérald rejoignit ses frères aînés James et Andrews qui l'inclurent à leur commerce déjà florissant de Savannah. Gérald aima le Sud et ne tarda pas à devenir un Sudiste convaincu, tout en restant lui-même, il garda son ardente vitalité qui le distinguait des planteurs policés et indolents de la région. Il gagna son premier domestique, Pork, un nègre du plus beau noir, après une nuit blanche à jouer au poker. C'était la première étape vers son plus cher désir : posséder des esclaves et être un gentilhomme terrien. C'est un coup du destin et une partie de cartes finement menée qui lui apportèrent un vaste domaine dans les Hautes Terres de la Georgie du Nord qu'il baptisa Tara, d'après la Colline de Tara, en Irlande, autrefois capitale du haut-roi.

Située à 8 km de Jonesboro et à 32 km d'Atlanta, à l'est de la rivière Flint boueuse, Tara offrit à Gérald sa riche terre d'argile rouge, ses longues allées plantées de chênes et de pins et ses champs en friche prometteurs.
Avec l'aide des emprunts consentis par ses frères, Gérald acheta d'autres esclaves et planta du coton, la plantation se développa et les esclaves construisirent pour leur maitre la lourde demeure blanche qui serait sa fierté. Gérald inspirait la sympathie et devint ami, voire intime, avec de nombreuses familles gérant d'autres plantations du Comté.
Mais le besoin d'une maitresse de maison se faisait impérieusement sentir à Tara. A 43 ans, Gérald retourna à Savannah à la recherche d'une épouse, et c'est comme un miracle qu'il accueillit la réponse positive d'Ellen Robillard, une jeune fille de 15 ans issue d'une riche et respectée famille de la ville. La nouvelle Madame O'Hara prit le chemin de Tara, suivie par sa Mama et une vingtaine de serviteurs nègres. Un an après le mariage naquit leur premier enfant, Katie Scarlett, aux cheveux noirs et aux yeux verts étincelants. Avec l'aide de sa Mama, Ellen prit en main la direction de la maison et donna à Tara une beauté qu'elle n'avait pas encore eue auparavant. Ellen avait l'éducation d'une grande dame et apporta au domaine le raffinement qui lui manquait. Elle donna à son époux deux autres filles, Suellen et Carreen, et aussi trois garçons, malheureusement tous morts en bas âge.

Au moment où commence le récit, au printemps 1861, Scarlett a 16 ans et est pleine de vie et de gaieté. Elle n'est pas d'une beauté classique, son visage étant un mélange des traits délicats et aristocratiques de sa mère, et des traits plus lourds et forts de son père. Elle a néanmoins une figure attirante, ses cheveux et ses sourcils épais et noirs tranchant sur sa peau d'un blanc de magnolia, ce teint auquel les femmes du Sud attachaient tant de prix et qu'elles défendaient avec soin contre les ardeurs du soleil de Georgie. Son menton pointu, ses yeux vert pâle frondeurs et plein de vie, ses longs cils et ses fossettes sont des atouts dont elle se sert pour obtenir ce qu'elle veut des jeunes hommes de son entourage qui sont tous fous d'elle.

Des rumeurs de guerre circulent néanmoins, l'état de Géorgie ayant rejoint la Conféderation Sudiste. Les Sudistes veulent garder leur mode de vie et leurs esclaves, et ils sont sûrs d'être dans leurs droits. Fiers et vaillants, ils ne se préoccupent de la guerre que pour alimenter leurs conversations. Ils sont persuadés que, même si un conflit éclate, ils battront les Yankees en quelques mois.

C'est dans ce sens que les jumeaux Brent et Stuart Tarleton fanfaronnent devant Scarlett, à qui ils sont venus rendre visite à Tara. Ils lui annoncent aussi un secret qu'ils ont découvert : au pique-nique organisé le lendemain à la plantation des Wilkes, on annoncera les fiancailles d'Ashley Wilkes et de sa cousine, Mélanie Hamilton. Les jumeaux ne prennent pas conscience du changement d'humeur que cette nouvelle occasionne chez Scarlett. En effet, celle-ci est secrètement amoureuse d'Ashley Wilkes, pourtant si différent d'elle. Scarlett est dotée d'un caractère vif, parfois emporté, elle fait preuve d'une intelligence aigüe qu'elle prend soin de dissimuler, tout en n'ayant que peu d'instruction, elle a hérité de son père des manières parfois frustres ou trop directes. Ashley est un rêveur invétéré, passionné de musqiue et de littérature. Enfant gâtée, Scarlett affronte là son premier chagrin, sa première frustration d'adulte.
Mais Scarlett se reprend vite, son esprit simple et pratique entrevoit la solution : si elle avoue à Ashley qu'elle l'aime, il ne pourra que répondre à ses sentiments, comment pourrait-il préférer Mélanie, petit oiseau si terne...

Le lendemain, au pique-nique des Wilkes, Scarlett, ravissante dans sa robe de mousseline verte à fleurs, est entourée d'une cour de soupirants. Mais Ashley ne fait pas partie du lot et s'occupe de la frêle et timide Mélanie. Lors de la sieste de l'après-midi, Scarlett parvient à s'éclipser et à se retrouver seule avec Ashley à qui elle avoue ses sentiments. Mais rien ne se passe comme prévu : tout en reconnaissant qu'il l'aime également, Ashley repousse délicatement son élan et maintient son projet d'épouser Mélanie, avec des arguments trop compliqués pour l'esprit simple de Scarlett. Les deux jeunes gens se quittent et Scarlett, de colère et de frustration, lance rageusement un délicat vase qui se brise en mille morceaux sur la cheminée. C'est alors qu'une voix d'homme s'élève du sofa à proximité : c'est Rhett Butler, un aventurier ténébreux aux allures de pirate. Scarlett est mortifiée de découvrir ce témoin involontaire de la scène entre elle et Ashley, indigne d'une femme du monde. Rhett, homme aguerri de 35 ans qui se vante de ne pas être un gentleman, s'amuse de découvrir un caractère si rare chez une jeune fille.

C'est alors que la nouvelle arrive : la guerre contre les Yankees est déclarée, Lincoln a appelé les hommes sous les drapeaux. C'est le timide Charles Hamilton, le frère de Mélanie, qui lui annonce et, par dépit, Scarlett accepte sa demande en mariage, espérant ainsi se rapprocher du couple formé par Ashley et Mélanie. Face à la guerre qui se prépare, les fiancailles sont de courte durée et le mariage également, puisque Charles meurt de maladie au front au bout de deux mois, laissant Scarlett veuve et enceinte. Elle accouche d'un garçon, Wade, pour lequel elle n'éprouve guère de sentiments maternels. Scarlett est désespérée de voir sa vie de jeune fille joyeuse et courtisée finie, enfermée dans le deuil d'un mari qu'elle n'a pas aimé, désespoir que ses proches mettent sur le compte de son veuvage. Elle finit par rejoindre sa belle-soeur Mélanie à Atlanta, car c'est là qu'elle a le plus de chances de revoir Ashley, même si elle a Mélanie en horreur, ne pouvant comprendre sa gentillesse simple qui l'amène à ne voir que ce qu'il y a de bien chez les gens. C'est là aussi que, progressivement, le vernis de bonne éducation difficilement inculqué par Ellen va commencer à se craqueler...
 
Qui n'a jamais entendu parler d'Auant en emporte le vent ? Le roman, dont le titre original en anglais est Gone with the wind, a été écrit par Margaret Mitchell au début du XXe siècle, il est paru en 1936 et a reçu le prix Pulitzer en 1937. Le roman, et le film qui en a été tiré en 1939, sont parmi les plus populaires de tous les temps. Plus de dix millions d'exemplaires ont été vendus dans le monde et il a été traduit dans 18 langues.

Née en 1900 et morte en 1949, Margaret Mitchell a connu le destin, rare dans l'histoire de la littérature, d'être l'auteur d'un livre unique mais connu et aimé dans le monde entier. Elle est née à Atlanta, en Géorgie, là où se déroule l'action de son roman. Issue d'une famille sudiste passionnée par l'histoire de la Guerre civile, son enfance fut bercée par les récits héroïques de ces temps lointains. Ce n'est qu'à l'âge de dix ans qu'elle comprit  soudain que les Sudistes avaient été vaincus, et cette nouvelle la bouleversa. Elle devint journaliste et connut une vie sentimentale tumultueuse, marquée par deux mariages. En 1926, elle doit quitter le journalisme suite à des problèmes de santé qui l'obligent à mener une vie plus recluse. C'est son mari qui l'incite à écrire un roman et il lui faudra dix années de travail laborieux pour mettre un point final à l'oeuvre qui la fera connaitre dans le monde entier.

Autant en emporte le vent est d'abord une fresque historique sur la société des Etats sudistes et les tragédies de la guerre de Sécession. C'est une fresque colossale riche de nombreux personnages, on entre dans le quotidien des familles qui ont vu leur univers s'écrouler suite à la guerre puis aux conséquences de la défaite. Scarlett, l'héroïne du roman, s'avère une figure féminine forte et attachante, et on craque toutes un peu pour le beau Rhett.
J'ai déjà lu le roman plusieurs fois et toujours avec le même plaisir. C'est d'abord pour le contexte historique d'une époque fascinante, mais aussi pour cette force de l'héroïne, qui parvient à se relever malgré qu'elle a tout perdu, qui parvient également à transgresser les rigides coutumes sociales de son époque afin d'atteindre ses objectifs.

Autant en emporte le vent a été adapté en film par le réalisateur Victor Fleming en 1939. En 1940, le film a reçu 10 oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Malgré sa durée inhabituelle de 243 minutes, le film serait le plus gros succès de l'histoire du cinéma.
Après un casting intense avec 1400 actrices entendues, c'est l'actrice anglaise Vivien Leigh qui fut choisie pour incarner Scarlett O'Hara. Le nom de Clark Gable pour interpréter Rhett Butler s'imposa lui très vite. Il est impossible maintenant de ne pas associer les visages des deux acteurs aux héros du roman, tant leurs interprétations magistrales ont donné vie à ces amants légendaires. On peut aussi citer l'actrice Olivia de Havilland qui interprète la douce Mélanie Hamilton et qui apparait aujourd'hui comme l'une des dernières légendes en vie de l'âge d'or d'Hollywood, à 103 ans. Ashley Wilkes est interprété par Leslie Howard qui meurt peu de temps après durant la seconde guerre mondiale, pendant laquelle il était retourné au Royaume-Uni pour participer à l'effort de guerre. On peut aussi citer Hattie McDaniel qui campe la Mama noire de Scarlett, rôle qui lui vaudra d'être la première femme noire à recevoir un oscar, celui du meilleur second rôle féminin.

Le film est un chef d'oeuvre tant par la qualité des rôles que par le soin mis à la reconstitution. Pour moi, il n'a pas pris une ride, et je ne suis pourtant pas adepte des vieux films hollywoodien en général, mais celui-là fait exception. Les costumes et les décors sont de toute beauté, et l'incendie d'Atlanta notamment est reconnue comme une scène majeure du cinéma par la qualité de sa reconstitution. L'interprétation de Vivien Leigh est magistrale et montre l'évolution de Scarlett d'une jeune fille gâtée du Sud vers une femme qui traverse les épreuves avec force mais aussi un mélange de générosité, de dureté et de maladresse. Le rôle lui a valu l'oscar de la mailleure actrice et c'est amplement justifié. La magie du 7e art à voir et revoir...
Scarlett, Alexandra Ripley, aux éditions France Loisirs


Scarlett est paru en 1991 et constitue une suite du roman de Margaret Mitchell cautionnée par les héritiers de celle-ci qui avaient organisé un concours pour trouver l'auteur adéquat. Alexandra Ripley est une écrivaine américaine née à Charleston en Caroline du Sud, et dont les autres romans sont aussi teintés de l'atmosphère du sud des Etats-Unis.

La fin de Autant en emporte le vent laissait un peu l'histoire en suspens, le lecteur aurait voulu en savoir plus sur la suite de la vie amoureuse de Scarlett O'Hara et Rhett Butler. Après avoir relu six fois l'oeuvre originale de Margaret Mitchell et en avoir recopié deux-cents pages à la main pour bien s'en imprégner, Alexandra Ripley reprend l'histoire exactement là où Margarett Mitchell s'est arrêtée.

Le roman se centre sur les péripéties de Scarlett après le départ, de Rhett, le rôle de celui-ci dans l'histoire devenant nettement plus secondaire même s'il est toujours présent dans les pensées de l'héroïne. Après une mise en place de la suite de l'histoire, l'auteur envoie Scarlett à la découverte de la très rigoureuse société de Charleston, où elle rencontre la mère de Rhett et d'autres personnes de son entourage. C'est ensuite un passage à Savannah avec la découverte de son atypique famille paternelle irlandaise. Les évènements décideront Scarlett à traverser l'Atlantique pour découvrir l'Irlande.

Ce sont d'autres lieux qui apparaissent donc dans le roman, ce qui permet de relancer l'histoire de Scarlett, qui change et murit. Pour moi, c'est une très bonne suite au roman de Margarett Michell, qui se lit avec beaucoup de plaisir. On peut juste regretter la présence trop discrète de Rhett dans le récit, et une fin attendue mais trop rapidement menée.

Le roman de Alexandra Ripley a également été adapté à l'écran sous la forme d'une mini-série télévisée en quatre épisodes. Scarlett qui, au passage a perdu ses yeux verts, est interprétée par Joanne Whalley, et Rhett est interprété par Timothy Dalton.
 
 



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