Quelque part dans l'espace intersidéral, le paquebot spatial "l'Etoile Blanche" est en perdition, après avoir été heurté par un astéroïde. C'est la panique à bord et, comme d'autres, les époux Morgenstern tentent d'atteindre une chaloupe de sauvetage. Ils ont avec eux leur bébé de quelques mois Wilfried, confié aux bons soins d'un robot-nurse, surnommé Cybot. Mais seuls Cybot avec le bébé dans les bras parviennent à la chaloupe, et les deux époux restent bloqués dans les débris, puis disparaissent dans l'explosion.
Huit ans ont passé, et Cybot et Wilfried vivent encore sur les réserves de la chaloupe, en attendant de trouver une planète habitable où se poser. Cybot est le seul père dont Wilfried se souvienne, et le robot, programmé dans ce but, a pu faire l'éducation du gamin. C'est alors que la sonde automatique de la chaloupe revient avec le signe tant attendu : les deux rescapés peuvent se poser et vivre sur Aquablue, planète couverte d'océans à 97%, parsemée d'archipels où vivent des natifs humanoïdes.
Arrivés sur la planète, Cybot et Wilfried sont recueillis par la tribu de Melkeïok. A ce moment apparaît devant Wilfried un immense animal marin, considéré comme un dieu par les natifs de l'endroit : Uruk-Uru. Pour Uruk-Thapel, le shaman de la tribu, c'est un signe et Wilfried et Cybot sont dès lors accueillis avec tous les honneurs. On comprendra également par la suite que le jeune garçon a créé un lien privilégié avec des habitants encore inconnus d'Aquablue. Mais durant la fête, un geste malencontreux de Wilfried fait tomber Cybot à l'eau, et le robot est dès lors hors d'usage. C'est maintenant par la tribu de pêcheurs de Melkeïok que Wilfried sera élevé, sous le nom que lui a donné Uruk-Thapel : Nao. Nao mène une vie paisible en harmonie avec la nature, et à 18 ans, il est promis à Mi-Nuee, la ravissante fille de Melkeïok.
Mais cette harmonie est mise en péril par l'arrivée de terriens sur Aquablue. Le consortium Texec, en quête de richesses et de matières premières, a jeté son dévolu sur la planète, appuyé par la troupe de mercenaires d'Ulla Morgenstern. Par ailleurs, Maurice Dupré, un ethnologue déchu d'une place plus enviable, débarque également afin d'étudier les moeurs des habitants de ce monde d'eau. Nao se lie avec Dupré, ce qui lui permettra de faire réparer Cybot.
Mais les appétits de la Texec, ne voyant dans les indigènes qu'une main d'oeuvre bon marché, et la violence des troupes de Morgenstern, contraignent Nao a prendre parti pour son peuple d'adoption, et c'est le début d'une lutte inégale, avec des lances et des couteaux contre des vaisseaux et des pistolets lasers...Démarrée à la fin des années '80, la série
Aquablue est devenue une référence comme série de BD de science-fiction. On y retrouve tous les ingrédients nécessaires : voyages intersidéraux, vaisseaux spatiaux variés, matériel et armes de pointe, peuples différents qui apprennent à se connaître. La série délivre de plus un message écologiste, humaniste et anticolonialiste avec la préservation d'Aquablue, un monde où les habitants vivent en harmonie avec la nature qui les entoure, et menacé de glaciation par l'exploitation effrénée d'un consortium sans scrupule. Une pointe d'humour est apportée par Cybot, sorte de C3PO revisité, puis par le duo formé par les compères Carlo et Rabah, qui rejoindront l'équipe de Nao.
Les 5 premiers tomes de la série sont concentrés sur la lutte pour Aquablue. Les changements de dessinateurs ne perturbent pas trop le lecteur, qui reste subjugué par le joli univers créé par Vatine. Les tomes 6 et 7 apportent un complément intéressant à l'histoire de Nao. A partir du tome 8, la série prend une allure plus classique, avec des aventures en 2 tomes de Nao et ses amis sur d'autres planètes.
Et petite anecdote : si on a lu
Aquablue, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle entre l'histoire de Nao et celle contée dans le film
Avatar de James Cameron. Dans les deux cas, un jeune humain s'intègre à une tribu à la peau bleue, vivant en harmonie avec la nature qui l'environne, un monde d'océans pour l'un, une forêt luxuriante pour l'autre. C'est aussi dans les deux cas l'appétit du gain et des ressources cachées de la planète qui va poser problème, avec en plus l'idiotie de mercenaires dont le cerveau semble uniquement logé dans l'arme qu'ils ont au poing. Enfin, dans les deux cas, le héros tombe amoureux de la fille du chef, et sera épaulé par un puissant animal de la planète dans sa lutte.
Les deux délivrent un message à peu près identique : écologie, préservation du milieu, étude, compréhension, humilité, et non pas exploitation sans vergogne des ressources, sans souci de la vie des peuples autochtones.
On pourrait penser que James Cameron a lu
Aquablue avant de réaliser son film, bien postérieur à la série... ;o)
Lien vers la série sur le site BD Gest'